vendredi 19 mai 2017

La tristesse et l'espoir

LA TRISTESSE ET L'ESPOIR


Je suis allé au meeting de lancement de la campagne pour les législatives du Parti Socialiste pour la région « Occitanie – Midi Méditerranée-Pays Catalan », qui représente 5,7 millions d'habitants et 13 départements. Ça se passait à Capendu (si, si, ça existe et sans la pluie, c'est très sympa). Je suis venu en voiture de Toulouse (aller-retour 250 km), n'étant pas informé des cars éventuellement prévus. Nous étions à peine un millier : les vieux militants qui venaient défendre l'engagement de toute une vie, et quelques jeunes catalans, avec leurs drapeaux venus en cars de Perpignan. Mille pour presque six millions : Un pour 5.700 habitants, un pour 4.000 électeurs : Merci d'être venus si nombreux comme a dit Cazeneuve, sans doute par dérision.
Carole Delga, présidente de région, présente au Zenith de Toulouse au meeting de Hamon, a fait un très bon discours, disant que la gauche ne devait pas oublier ses valeurs de progrès social, fustigeant les girouettes qui se tournaient du côté du vent macroniste, et défendant implicitement une alliance avec la "gauche de la gauche", disant que le progrès n'était pas dans le camp de Macron. 



Puis Cazeneuve est intervenu, et là j'ai été consterné : Il est sensé être l'animateur des campagnes législatives du PS, et a défendu la «gauche de gouvernement» fustigeant ceux qui avaient refusé de s'aligner lors des votes sur la loi travail et la déchéance de nationalité. Le petit doigt sur la couture du pantalon, c'est ce qu'il aurait exigé des députés dits « frondeurs » : Les Godillots à la de Gaulle, c'est ce qu'il aurait voulu. Il a reproché au candidat socialiste (Hamon, qu'il n'a jamais nommé) de ne pas avoir assez défendu le bilan de Hollande. Si le bilan de ce gouvernement était si bon, pourquoi n'a-t-on pas entendu les ténors de la gauche le défendre, et pourquoi le premier qui aurait du le défendre, l'ex Président de la République, n'a-t-il pas osé se présenter devant les Français ? Pourquoi les électeurs de la primaire ont-t-ils sanctionné le représentant du gouvernement (Valls) avec cette sévérité ? L'heure de la « gauche de gouvernement » est passée, le désastre est consommé, place à la gauche de reconstruction innovante et sociale.

La salle qui avait applaudi chaleureusement au discours de gauche de Carole Delga est restée étrangement silencieuse lors des allusions perfides de Cazeneuve contre Hamon, et aux éléments de son discours de « gauche de gouvernement » (SIC ! ). Les vieux caciques du PS n'ont donc rien compris à ce qui arrivait : Le centre schizophrène droite-gauche a attiré les rose-pales, et le PS a abandonné sa place à gauche, qui a aussitôt été prise par la FI. Il n'est resté au PS que l'espoir d'une reconstruction, par les soutiens de Hamon, dans une perspective de renouvellement des représentants du PS.

Cette « gauche de gouvernement » si c'est celle de Valls et de Macron (et leur marionnette El Khomeri), je n'en veux pas, jamais plus. Je ne veux pas d'une gauche de trahison qui renie 250 ans de luttes sociales pour faire plaisir au Medef. Surtout quand on voit les résultats obtenus par ces mesures horriblement chères (35 milliards d'euros, la moitié du déficit budgétaire !) et totalement inefficaces, sauf peut-être pour des PME qui ont pu, sur notre dos, renforcer leur trésorerie et embaucher quelques dizaines de milliers de salariés au prix effarant de 800 000 euros par emploi …

Cazeneuve a demandé de façon très ambiguë de ne pas laisser le président de la république seul … (qui ? Hollande ou son clone Macron?) et que la gauche le soutienne :

« Et "c'est parce que je veux le meilleur pour le Président de la République que je n'entends pas le laisser seul avec ceux qui prétendent le cerner totalement" ..."Pour le faire réussir, il faut lui donner une gauche de gouvernement, responsable, pragmatique, convaincue, attachée à ses convictions, soucieuse de l'intérêt général, pour ne pas le laisser seul avec ceux dont on connaît la politique parce que nous l'avons éprouvée" à qui ? à Hollande le destructeur du PS, à Macron le libéral ?


NON, NON ET NON la gauche de gouvernement que j'aime, c'est celle qui a créé les congés payés, 1, 4, puis 5 semaines, c'est la gauche de la sécu, la gauche des 39 heures puis des 35 heures par semaine, la gauche du RMI (devenu RSA par appropriation de la droite), la gauche de la CMU, et c'est bien sur aussi la gauche du mariage pour tous (merci Madame Taubira). C'est celle qui mettra un jour en œuvre le RUE sous une forme ou une autre. Mais ce n'est pas celle de Valls ni de Macron, ce libéralisme prétendument social qui est avant tout économiquement libéral, adepte de la casse sociale et de la soumission de la société à l'économie capitaliste dérégulée, à laquelle semble appartenir Cazeneuve.

J'étais présent aux meetings de Hamon à Toulouse, celui des primaires, et celui du Zénith de Bercy, et j'ai entendu Hamon plaider pour les réelles avancées sociétales des gouvernements Hollande, mais dire qu'il s'était opposé (en cela je lui suis reconnaissant) aux trahisons des valeurs de la gauche, la déchéance de nationalité, et surtout « l'inversion des normes » qui permet aux accords locaux de supplanter le droit du travail, aberration dans le droit Français dans lequel tout accord privé doit être subordonné à la loi s'appliquant à tous. Cette loi ignoble qui met le salarié à la merci de son employeur, qui pourra exiger tout de lui, avec à la clé comme chantage la fermeture de l'entreprise pour délocalisation. Il me vient les mots d'Aragon « A quoi peut leur servir de se lever matin, eux qu'on retrouve au soir désarmés, incertains ... » Cette loi désarme les salariés, et lorsque Macron aura facilité le licenciement et rendu illusoire le recours aux prud'hommes, il ne restera rien de ces luttes sociales. Faudra-il recommencer les trois glorieuses, 1848, la Commune, les grandes grèves des années 50, la révolte de 68, les manif anti CPE, etc ? C'est la seule issue donnée.

J'étais donc présent aux meetings de Hamon, et l'enthousiasme qu'il y avait, la jeunesse mobilisée, l'espoir soulevé n'avait rien à voir avec la grande tristesse poussiéreuse qui accompagnait le discours de Cazeneuve, sans doute bon ministre de l'intérieur, très discret premier ministre par intérim, mais rétrograde et refusant la gauche inventive. 

 

J'ai bien fait d'aller à ce meeting, même si j'ai fait pour cela 250 km et que j'ai payé 20 euros d'autoroute, car je sais maintenant avec certitude qu'il fait partie de la gauche dont je ne veux pas, du PS moribond, alors que j'aspire à un PS qui retrouve ses valeurs de combat, celles de Jaurès, celles de Blum. Cette gauche, nous la reconstruirons, dès aujourd'hui, avec le renouvellement ses valeurs fondamentales : protections des plus faibles, progrès social et redistribution des richesses créées par les 60 millions de Français et captées par un petit nombre.

Eddy Moidonc , Le 19 mai 2017


crédit photos :  Facebook @Carole Delga / Belga / Le Figaro

1 commentaire:

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