samedi 13 mai 2017

Quel avenir pour les vallsistes ?



Les vallsistes : personnes généralement impliquées dans la vie politique nationale qui ont choisi de suivre le vibrionnant trublion du paisible ( :) ) petit monde du PS.

Le vibrion n'en finit pas de s'exciter tout seul, tentant de redevenir tintant, mais si tant est qu'il tatonne encore, tellement il est terni dans sa tentative de tout éteindre dans ce PS qu'il aura tant titillé, qu'adviendra t-il ?

Manuel Valls s'est auto-investi aux législatives, a perdu l'étiquette PS, n'a pas obtenu l'étiquette EM. Le voici sans casquette.

Ils voulaient rassembler, ces vallsistes, ces réformateurs*.


Le nom désigne, au PS, l'aile droite du parti. Cette aile droite est d'une manière ou d'une autre détentrice d'une approche social-libérale, se distinguant du centre de gravité naturel du PS qui est social-démocrate. La différence entre les deux peut s'expliquer de plusieurs manières, mais très résumée cela reviendrait à dire que le camp réformateur s'appuie sur une ouverture plus nette de l'économie politique au libre-échange et plus proche d'un monde capitaliste libéral. Les réformateurs placent les acteurs économiques plus en avant et les acteurs sociaux plus en retrait de la programmation politique.

Ces réformateurs sont la troupe conquérante de la gauche "hollandaise". Ils ne s'opposent pas au mouvement majoritaire du PS. Ils en sont le fer de lance, puisque Manuel Valls sera appelé à prendre la primature en cours de mandat présidentiel 2012-2017. Et, se sentant majoritaires à l'Assemblée, ces réformateurs en prendront plutôt leurs aises entre l'action gouvernementale et l'action parlementaire.

Jusuq'au jour ... fatidique ... où la petite minorité ancrée dans l'argumentation social-démocrate refusera de signer un chèque en blanc au gourvenement sur des motifs d'article 49.3 invoqués avec des réformes qui passaient mal ! Ces frondeurs ont failli provoquer la démission d'un gouvernement. Eh oui.

Ce qui a provoqué un traumatisme pour les réformateurs qui autant pour la campagne de la Belle Alliance Populaire, pour la capagne présidentielle, et désormais pour la campagne législative montre encore ses effets complexes et perturbants.

Le clan des réformateurs qui représentait un centre de gravité décalé à droite dans un PS fonctionnant en roue libre s'est retrouvé marginalisé par la primaire, par son résultat qui a vu Manuel Valls étrillé par le vote citoyen. Et les réformateurs n'en finissent de tenter de peser pour retrouver une place qu'ils ont définitivement perdue au bénéfice du mouvement la République en Marche.

Quel avenir pour les vallsistes ?

Le premier d'entre eux, Manuel Valls, perdu dans une candidature sans étiquette à Evry, tente de conserver une existence politique, suspendue à une victoire très incertaine.

Nombre de députés sortants ont choisi de rendre leur tablier. Certains ont tenté leur chance auprès d'EM avec un plutôt maigre butin.

Les réformateurs sont mal en point au PS. Et les vallsistes ont vocation à ne plus exister. Ceux qui se réclamaient d'une proximité avec l'ex Premier Ministre et qui auront pu sauver leur job aux législatives tenteront sans aucun doute de faire oublier rapidement qu'ils étaient vallsistes. Ils seront désormais assimilés par le "centrisme" apparent d'EM ou auront fait contre mauvaise fortune bon coeur pour subsister dans un PS qui retrouve un peu son centre de gravité naturel.

Pour écrire la suite, il faut juste un peu de patience. Car les résultats des législatives 2017 seront la base de la politique qui pourra être conduite pendant le mandat d'Emmanuel Macron. Le Président est arrivé avec un programme assez flou pour ne pas risquer de passer à côté d'une élection, une fois les législatives passées, les choses vont pouvoir redevenir sérieuses.

Et les vallsistes ne seront plus qu'un lointain souvenir dilué dans toutes sortes de courants nouveaux.


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C'est qui ce courant des réformateurs autour de Manuel Valls ?

Quid de ses proches, suivistes tels Malek Boutih, Jean-Marie Le Guen, Christophe Caresche, Gilles Savary, Dominique Baert, Yves Blein, Alain Calmette, Jean-Pierre Caffet, Françoise Dumas, Sophie Errante, Alain Fauré, Jean-Louis Gagnaire, Marc Goua, Michel Issindou, Bernadette Laclais, François Loncle, Odile Saugues, Patrick Vignal et René Dosière ? J'en ai choisi quelques-uns, pas au hasard, mais parce qu'ils étaient mentionnés ensemble dans la presse de mars 2017.

Que sont-ils devenus ? Ces réformateurs, qui ne digèrent pas la primaire et l'échec de leur chef de file, sont-ils toujours en selle et prêts à en découdre face aux frondeurs ?

Le PS n'a pas encore pris de décision à cette heure excepté pour Manuel Valls sur une exclusion. « Une procédure est en cours. Manuel Valls est déferré devant la commission des conflits. Au PS, ce n’est pas comme au Front national, à En marche ! ou à La France insoumise : ce n’est pas le chef qui décide d’exclure. Il y a des procédures », a précisé M. Cambadélis le 10 mai 2017. Le circonscription 91/1 dans laquelle Manuel Valls se présente n'a pas de candidat PS, ni de candidat EM.

Malek Boutih a lui bien reçu l'investiture du PS dans la 91/8, et fera face à un candidat EM, Pierre-Alain Raphan, un entrepreneur de 34 ans et dirigeant de la ligue de Taekwodo de l'Essonne.

Jean-Marie Le Guen veut rester PS, veut être investi EM, et ne veut pas se plier à la procédure de demande d'investiture en ligne proposée à tous les candidats EM ! Il est actuellement investi officiellement par le PS sur 75/9.

Christophe Caresche pensait rejoindre une majorité présidentielle, et a soudainement démissionné de son mandat législatif fin avril. On le voit à la tête d'une agence foncière dont il sera nommé PDG par décret présidentiel. La circonscription 75/18 est proposée à une certaine Myriam El Khomri.

Gilles Savary député sortant de la 33/9 se représente avec l'étiquette PS. Il a abandonné en route l'idée d'un ralliement EM. Ayant fait jouer un "droit de retrait" dans la campagne présidentielle, son attachement à jouer la majorité présidentielle ne fait aucun doute. Pourtant dans son infinie délicatesse EM présente une candidate, Sophie Mette, conseillère régionale, élue municipale à Bazas, Modem.

Dominique Baert, député sortant de la 59/8, ami d'Emmanuel Macron, touché par la loi sur le non-cumul des mandats, le député-maire de Wattrelos a fini par trancher. Dominique Baert préfère conserver son siège de maire que d'en défendre un à l’Assemblée nationale. Membre du PS à temps partiel pour discipline écornée lors de l'investiture de 2012, il a finalement réintégré ce parti en 2014.

Yves Blein, organisateur départemental de la primaire, la Belle Alliance Populaire, vallssiste connu et reconnu, il soutient Macron pendant la campagne présidentielle. Député sortant PS sur la 69/14, il y est désormais investi EM.

Alain Calmette, député sortant sur la 15/1 sous l'étiquette PS a soutenu EM après avoir soutenu Manuel Valls à la primaire de gauche. Il paye cher pour son parcours en zigzag, EM ayant investi François Danemans, maire de Calvinet très actif sur la campagne EM, sur cette circonscription. Alain Calmette envisage de maintenir sa candidature en tant qu'indépendant.

Jean-Pierre Caffet, sénateur PS de Paris depuis 2004, plume économique de la motion A au congrès de Reims en 2008, reste aux abris pour encore un certain temps.

Françoise Dumas, députée sortante PS de la 30/1 et conseillère municipale à Nimes, elle tente de rempiler aux législatives sous la même étiquette. Elle apparaît sur la liste des investitures PS et EM !

Sophie Errante députée PS en 2012 sur la 44/10, soutien EM est investie EM sur la même circonscription. Elle apparaît sur la liste des investitures PS et EM !

Alain Fauré, député PS en 2012 dans la 09/2, il sera opposé à une EM, Huguette Bertrand Vinzerich soutien de Ségolène Royal en 2007. Lui se représente bien avec l'investiture PS.

Jean-Louis Gagnaire, député PS depuis 2007, il rejoint la campagne EM. Mais il ne reçoit pas l'investiture. EM présente Jean-Michel Mis. Jean-Louis Gagnaire annonce en avril 2017 son retrait de la vie politique.

Marc Goua, député PS de la 49/2 depuis 2007, il se rallie à EM après le résultat de la primaire de gauche. Il est nommé à la présidence de la commission de surveillance de la Caisse des dépôts et consignations suite au décès de Henri Emmanuelli. Sa circonscription n'a pas d'investiture PS en 2017. EM présente Stella Dupont, maire de Chalonnes-sur-Loire, suppléante de Marc Goua, investie PS à l'origine.

Michel Issindou, député PS de la 38/2, a annoncé son retrait de la vie politique. La circonscription voit se présenter Pierre Verri, maire PS de Gières, la commune gérée antérieurement par Michel Issindou. Pierre Verri a été soutien de campagne de Benoît Hamon. Côté EM c'est Jean-Charles Colas-Roy qui est investi.

Bernadette Laclais, députée PS de la 73/4 en 2012 ne se représente pas, EM présente de son côté Patrick Mignola, maire Modem de la Ravoire et chef d'entreprise.

François Loncle, député PS de l'Eure, circonscription 27/4, depuis 1981, avec une interruption entre 1992 et 1997 pour un passage au gouvernement, a parrainé Emmanuel Macron en 2017. Il a annoncé sa retraite de la vie politique. Il n'a pas de remplaçant investi PS. EM investit Bruno Questel, maire de Bourgtheroulde et suppléant de François Loncle.

Odile Saugues est députée PS dans la 63/1 depuis 1997. Elle se signale par une forte opposition aux frondeurs au sein du PS et regrette ouvertement qu'ils n'aient pas été exclus. Elle a invoqué son droit de retrait pour la campagne présidentielle. Elle a annoncé son retrait de la vie politique. Le PS investit Cécile Audet, soutien de Benoît Hamon pour 2017. Elle fera face à Valérie Thomas pour EM.

Patrick Vignal, député PS en 2012 dans la 34/9, il soutien et parraine Emmanuel Macron en 2017. Il est investit par EM en 2017. Il apparaît sur la liste des investitures PS et EM !

René Dosière, député PS pour la première fois en 1988, il est député régulièrement, mais avec quelques interruptions pour gérer d'autres mandats. Pro-Valls, découragé par les frondeurs qui se sont opposés à des textes qu'il avait voté, il était réticent à soutenir le vainqueur de la primaire. Il a confirmé son retrait prochain de la vie politique en février 2017. Aucun candidat PS n'est investi sur cette cisconscription en 2017. EM présente l'ancienne présidente départementale de l’UDI et élue d’opposition à Laon, Aude Bono.

Avec ce rapide tour d'horizon on constate que le courant vallsiste est porté individuellement par des parcours bien spécifiques. L'équipée d'hier ne donne pas une arrivée en bon ordre. Alors était-ce une aventure si réfléchie ?

(les informations relatives aux investitures sont données à la date de cet article. Elles sont susceptibles de modifications au gré des organisations concernées, jusqu'au 19 mai 2017).

article publié initialement sur le blog de l'auteur

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