jeudi 13 juillet 2017

Le code d'accès : ou comment ne pas mettre de l'huile dans la communication.

Le jeu c'est l'âme de la mécanique dit-on.

Le jeu, ce petit espace de liberté qui permet à des pièces en mouvement de pouvoir bouger sans se bloquer les unes et les autres. Parce qu'en vérité, quand c'est trop serré, ça coince.

Et si ça coince, ça fonctionnera moins bien.



Ca va gripper. Sans ce jeu, ça va chauffer. Ca va chauffer parce que ça frotte.

En plus, le jeu c'est parfois un peu compliqué, il faut en mettre assez, pas trop serrer. Mais pas trop non plus, sinon ça va pas s'aligner assez et ça va se tordre dans tous les sens.

Donc pas trop serré, mais quand même assez, et on peut y mettre un peu d'huile pour obtenir le bon effet.

C'est sympathique la mécanique quand on y pense et qu'on s'applique, pour comprendre comment c'est fait, par des gens qui ont eu du bon sens.

Je rêvassais ainsi dans la rame qui me ramenait, pour tenter d'imaginer mon prochain billet.


Un téléphone portable me sortit de mes pensées. Trois rangées derrière moi, le chant des mouettes se fit entendre, avec une certaine violence sonore.

La rame pleine, les têtes se tournent vers l'intrus qui décroche et dit d'une assez forte voix pour être entendu... par tout un wagon, d'un "Allo" suivi d'un monologue, tout ce qu'il a sur le coeur et dans sa mémoire pour expliquer à un client qu'il va pouvoir venir faire des travaux dans tant de jours.


Mi-génée, mi-amusée, la troupe des passagers écoute ce dialogue, n'entendant qu'un seul côté de la conversation.

Notre ouvrier, devenu d'un coup le centre d'intérêt qu'il n'a pas dû être souvent dans sa journée, s'explique, argumente, et finit par conclure, en disant que pour avoir accès au logement cible des travaux dont il est question, il lui est bien entendu, nous l'entendons tous aussi ainsi, nécessaire de connaître le code d'accès à l'immeuble. Code que l'on ne donne, c'est bien connu, qu'aux personnes concernées par un besoin d'accès.


Le client satisfait la demande ... et nous entendons distinctement, d'un bout à l'autre du wagon : "trente deux cinquante cinq, oui, j'ai bien noté, les clefs sous le paillasson, entendu !".

Rires de moins en moins retenus, la wagonnée s'esclaffe de la gaffe.

Je ne suis pas d'un naturel vicieux, mais un peu malicieux quand même, et je ne peux m'empêcher de dire bien haut, ce que tout le monde pense tout bas : "Renotez bien l'adresse aussi, faites la répéter !".

Le rire se développe, se généralise, et nous poursuit pendant deux ou trois stations, jusqu'à ce que cet indélicat usager du téléphone ne sorte du wagon.

Rendez-vous compte de la situation.

Si vous avez à partager une information, n'oubliez pas de comprendre avec qui vous le faites.

1 commentaire:

  1. Génial, j'ai bien ri, on était avec toi dans la rame ! Hé oui, zut on a besoin de l'adresse ! Malou Landalouze

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