« Soyez donc résolus à ne plus servir et vous serez libres » E. de La Boëtie, 1574
Le revenu universel d’existence est au centre des propositions du Futur Désirable.
Il est également radical dans sa vision d’une société qui
mettrait l’être devant l’avoir, l’humain devant la marchandise, l’accomplissement
de soi devant le patrimoine.
Il faut sans doute voir
là la raison pour laquelle il a été tant décrié, tant sur le mode de la
condescendance paternelle (« vous êtes de gentils utopistes ! »
et « où allez-vous trouver l’argent ?»), que de la réprobation
indignée (« encore une gauche qui ne songe qu’à dépenser !»).
Cette idée est pourtant combattue avec vigueur, même "à gauche"
Mais la critique la plus virulente, celle qui est définitive : »
les français ne travailleront plus »
Critique naturellement attendue de la part d’une opinion de
droite qui considère l’être humain comme un animal pétri de vices, dont le plus dangereux serait
la paresse.
Mais également
développée par ceux qui, comme Manuel Valls, se réclament de la « valeur
travail ».
Ils sont malheureusement pléthore « à gauche »
Ont-ils jamais tenu une caisse de supermarché, avec le
mouchard qui reporte en temps réel votre productivité, ont-ils conduit un poids
lourd de Lodz à Valence ?
Savent-ils
ce qu’est le travail posté ?
Savent-ils
que le salariat est d’abord fait d’humiliations et de souffrances physiques
comme psychologiques ?
Travail , valeur ou souffrance ?
Travail : du latin tripallium,
instrument de torture destiné aux esclaves récalcitrants.
Anc. Français : « douleur »
Benoît Hamon a fait de la souffrance
au travail un de ses thèmes de campagne.
«Comme hier,
les souffrances et les frustrations du travail sont le produit de phénomènes
collectifs: intensification, flexibilité, précarité. Mais la souffrance au
travail s'éprouve davantage aujourd'hui sous des formes singulières,
psychologiques: conflit avec les chefs, avec les collègues, sentiment de ne pas
être à la hauteur. Les conditions de travail restent dures pour beaucoup de
gens et la pression ne fait qu'amplifier cette dureté. La pression, c'est
l'incertitude par rapport à l'emploi: est-ce que je vais le perdre, est-ce que
je vais être promu, mon poste est-il garanti, ma boîte est-elle à l'abri d'une
restructuration, suis-je vraiment reconnu pour ce que je fais? La pression, ce
sont aussi des contraintes de temps: des horaires très lourds et de plus en
plus fluctuants, une intensité du travail qui en limite l'autonomie théorique.«
Christian Baudelot et Michel Gollac dans
«Travailler
pour être heureux ? »Les enquêtes de sociologie
Le salariat ne résulte pas d’un choix libre mais d’une contrainte
économique.
Le travail produit de la valeur pour l’actionnaire, pas pour le
salarié.
La « valeur travail », c’est principalement une valeur
boursière.
Le chasseur-cueilleur du paléolithique occupait environ
vingt heures par semaine à assurer sa subsistance. Que faisait-il du reste de
son temps ? Jouer avec ses enfants, faire l’amour avec sa compagne, chanter, philosopher
le soir en regardant les étoiles, peindre sa vision du monde sur les parois d’une
caverne ?
Nul ne sait au juste.

Et les surplus de production, gérés par les chefs et les prêtres.
Rupture tragique dans l’histoire de l’hominisation !
La Boëtie, dans son « Discours de la servitude
volontaire», exhibe, en 1574, le mécanisme essentiel de l’asservissement :
l'adhésion aux valeurs !
Un travail pas efficace pour autant
Cette discipline du travail produit-elle pour autant un
système de production efficace ? Les enquêtes de sociologie du travail
prouvent le contraire :
Environ 10% des salariés ont une attitude positive au
travail : investissement personnel, partage des objectifs de l’entreprise.
Ceux-là se recrutent la plupart du temps dans les professions intellectuelles « supérieures »
et/ou, dans le secteur non marchand de l’économie.
60% sont « en retrait », c’est-à-dire se moquent
complètement de ce qu’ils font 8h par jour au boulot.
30% sont dans une attitude de rejet, voire de sabotage. Il n’est
pas rare qu’un même individu passe en moins d’un an des 10% d’enthousiastes au
30% de rebelles !
Le Futur que nous désirons, ce n'est pas de dormir
Laissé à lui-même, l’humain ne dort pas.
En comparaison avec
d’autres mammifères, il est plutôt suractif. En témoignent l’immense activité bénévole générée par les associations, l’agenda surchargé de certains retraités, l’intense
activité créatrice des enfants, l’engouement pour le bricolage, la couture, les
arts, la musique, le théâtre, le plaisir du jeu et de l'invention.
Les tâches domestiques, le soin et l'éducation des enfants, sont des richesses produites, pas des marchandises.
Les tâches domestiques, le soin et l'éducation des enfants, sont des richesses produites, pas des marchandises.

Les rêves de notre enfance, les désirs et les espoirs de nos 20 ans, il a fallu les renier, les ranger au rang de chimères, parce qu’il faut bien bouffer ! Glorieuse « valeur travail » qui nous incite à sacrifier l’essentiel de notre vie sur l’autel de la marchandise ! Scandaleux gâchis d’intelligence et de créativité !
Le Futur Désirable
Alors pourquoi ne pas admettre que l’immense production de
richesses matérielles de nos sociétés est suffisante pour assurer notre
subsistance sans qu’il soit besoin de travailler encore davantage ?
Que l'activité humaine est source de richesses non marchandes, de pure valeur d'usage et non de valeur d'échange ?
Que l'activité humaine est source de richesses non marchandes, de pure valeur d'usage et non de valeur d'échange ?
Que la distribution à
tous d’un revenu d’existence permettrait à chacun d’exercer ses propres choix de
manière autonome ?
Associé à une réduction du temps de travail, le revenu universel d’existence aurait pour effets
-
De combattre la pauvreté
-
De réduire le stress lié à la menace de la perte
d’emploi
-
De réduire le chantage au chômage exercé par les
employeurs
-
D’absorber les secousses brutales liées à l’évolution
des technologies
-
De mieux répartir son activité entre production
et activité non marchande : création, solidarité, éducation, étude,
bénévolat …
-
De libérer les énergies pour une véritable
démocratie citoyenne.
-
De stimuler la créativité de chacun, ce dont l’ensemble
de la société bénéficiera.
-
De réduire l’état de dépendance économique des femmes
ainsi que des jeunes.
A Aristide Kufudakis
Merci Aristide ! Tellement juste et vrai que j'ai juste l'impression que vous lisez en moi !
RépondreSupprimerBenoit Hamon a su nous inspirer ces pensées...
Galet-Jade de Tweeter
Superbe article, merci :)
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