jeudi 5 octobre 2017

Appel d'un militant désabusé

Ceci est un appel, et un coup de colère.

Je suis un ancien militant socialiste, désormais hamoniste comme l'on est désormais nommé.

Contrairement à beaucoup de mes compagnons de mouvement je ne fus pas indigné par le quinquennat de François Hollande, je trouvais certaines mesures bonnes, d'autres moins. La cassure eut lieu lorsque la loi travail fut entérinée. Je pensais dès lors qu'une ligne jaune avait été franchie, que la remise en question de la hiérarchie légale, qu'elle fut légère ou non, était un mauvais message et surtout la première pierre d'un vaste plan de destruction de la protection sociale. Hélas, j'eus raison.





Benoît Hamon n'était pas mon candidat mais petit à petit je lus, beaucoup.
Piketty, les économistes atterrés, Dominique Meda et d'autres. Je retrouvai une réflexion similaire à la mienne et une pensée qui était une réponse à la cassure qui m'avait ému des semaines auparavant.
Finalement je fus convaincu par ce candidat que j'avais toujours regardé avec circonspection, je dois bien l'avouer, après les primaires, pour ne plus finalement quitter ses convictions.

Trêve de palabres sur mon sort personnel. cet épanchement momentané est une explication de l'origine du texte qui suit.

On le sait assez, la gauche va mal. Elle est divisée, ruinée, agonisante pour certains partis. Tous les médias le répètent à l'envi avec une jubilation assez curieuse.

Chacun place le diagnostic, avec pour finalité de justifier le bouc émissaire qu'on souhaite voir exclu, viré, noyé etc...
Rayez la mention inutile.

D'aucuns, sociaux démocrates, pour ne pas dire libéraux, mentionnent Benoît Hamon et les frondeurs comme les coupables.

D'autres considèrent que c'est le PS entièrement.

Certains considèrent que c'est Hollande et le gouvernement sortant qui ont affaibli la gauche.




Personnellement j'ai toujours du mal avec le mode de pensée suivant qui consiste à considérer que les problèmes doivent être personnifiés. Un problème n'est jamais le fruit d'un auteur mais d'un système ou d'un contexte. C'est la confrontation entre une somme indéfinie de facteurs et de variables qui génèrent une problématique. Non une personne seule ou un ensemble de personnes.

Par conséquent, ma lecture de cette faillite collective est autre.

En 2002, la gauche perd au premier tour. le PS conclut : la gauche plurielle a failli, nous n'avons pas rassemblé assez largement.
Dès lors, le parti socialiste va enclencher une prise de distance avec son allié communiste, et déplacer son curseur idéologique vers le centre et le parti radical. Cela engendre la candidature de Royal, conseillé par Valls, puis de Hollande conseillé par Valls.

La transformation du parti socialiste en parti social démocrate est conclue, l'électorat ouvrier s'en va, les classes moyennes s'en vont, le monde rural déjà peu présent fuit, la fonction publique prend ses distances. Un changement de nom est mentionné, il sera reporté.
La gauche plurielle n'a pas failli, la campagne de Lionel Jospin fut, de son propre aveu, mauvaise. Mais, pourtant, selon mon avis,  la gauche plurielle fut le gouvernement le plus prometteur et le plus réussi de toute la Cinquième République.
Des acquis sociaux importants, une cohérence économique, un développement culturel, un foisonnement d'idées, une cohérence internationale, une construction politique.

Vestige d'un espoir renié

Nous sommes en 2017 et plus personne, hormis Hamon, ne parle de gauche plurielle. 

Les verts luttent pour survivre, le PC totalement pillé par Mélenchon (pas la France Insoumise) est étouffé, et la sociale démocratie se déclare Macron-compatible!

Le diagnostic de faillite de la gauche plurielle, avec le choix de boucs émissaires tels que Chevènement ou Taubira empêcha une reconstruction intellectuelle du parti socialiste, l'évolution fut seulement tactique et politicienne.

C'est toujours le problème quand la seule solution d'un échec est de trouver le coupable. Intellectuellement cela ne peut être fertile.


Par extension, toute la gauche souffre de cette maladie à toujours évoluer selon des aspirations tacticiennes et sans projet intellectuellement réfléchi. Un personnage comme Mélenchon qui se créé une plateforme par élection, c'est de la stratégie, un PS qui vire social libéral est stratégique, des verts qui négocient avant même les élections c'est de la stratégie.

Où sont les idées ?

Parmi les militants,. si je trouve que Mélenchon est totalement vide intellectuellement, je pense également que les militants du parti de gauche et de la France Insoumise sont fertiles en réflexions pertinentes sur la société française. De la même manière, je crois que Benoît Hamon a impulsé un vrai projet intellectuel qui permet inversement à des militants comme moi de ne plus voter par défaut mais avec des convictions intéressantes à embrasser.

Les Verts, par le biais de Jadot,, essayent de transformer leurs modes d'expression également.

Mon appel est donc un appel à discuter d'un projet intellectuel qui pourrait tous nous rassembler, afin de faire revivre une gauche plurielle où le débat ne fait pas peur comme maintenant, où de la discussion naissent des formes diverses d'engagement. Mon appel ne s'adresse pas aux députés Nouvelle gauche qui ont voté pour la loi anti-terroriste de Macron, il ne s'adresse pas à une certaine représentante de la FI qui ne paye pas ses cotisations retraite, il ne s'adresse pas plus à tous ceux qui trahissent leurs engagements électoraux pour garder une place au chaud, il s'adresse aux militants et aux citoyens.


Finalement ce n'est pas un coup de colère, c'est un appel qui a la forme d'une supplique.
Un appel pour construire une gauche qui arrivera au pouvoir par la voix de citoyens engagés. Non à l'image de Macron pour remplacer une élite par une autre, non à l'image d'un Mélenchon pour discuter du port de la cravate, non à l'image d'un Faure, qui plie tel un roseau selon les convictions d'autrui. je ne veux pas de révolution, je voudrais simplement une évolution. Et si des mouvements se mettent en place, c'est parce que nous tous considérons, d'une certaine manière, que la société est figée.

Quelle que soit la forme que vous souhaitez, engagez vous, exprimez vous, trop de gens demeurent silencieux pensant qu'ils n'ont rien à dire ou que cela ne sert à rien, chuchotez, parlez, criez, hurlez mais dites ce que vous avez à dire et ne plus hésiter à débattre.


Cela n'est plus une option, mais une nécessité.


8 commentaires:

  1. Bravo pour cette appel, j'ai adhéré au projet de B Hamon dès que je l'ai entendu pour la première fois dans l'émission sur antenne 2, ensuite j'ai voté pour lui aux primaires pas par sanction et pour éliminer les autres, pour ensuite me débarrasser du PS, mais par conviction comme jamais je n'en ai eu. Ensuite j'ai voté pour lui aux présidentielles sans aucun regret même si aujourd'hui je m'en veux, non pas de mon vote mais de la situation dans laquelle nous sommes.Beaucoup de personnes souffrent et beaucoup de colère de part et d'autre,mais si nous ne voulons pas reproduire ce qui vient d'arriver, le rassemblement de toutes les gauches derrière un beau projet de société, ambitieux et primordial. Je sais que ça va pas être facile car chacun veut garder la personnalité qu'il a mis à la tête du mouvement où parti et nous n'avons pas confiance aux mêmes personnes, alors je vais m'adresser en premier à la FI, qui pense que se mettre autour d'une table c'est faire de la tambouille, je leurs dis non c'est mettre à plat une situation, pour ensuite réaliser un projet. Est-ce que ça peut marcher, je ne sais pas et de toute façon si on n'essaie pas on ne le saura pas. Merci pour cette belle lettre QUI EXPRIME BIEN CE QUE JE PENSE.
    NK

    RépondreSupprimer
  2. La gauche plurielle, bonne idée! Hélas,le gouvernement Jospin est celui qui a enterré toute prétention de la gauche à avoir une politique industrielle : l'Etat ne peut pas tout ! disait-il aux ouvriers desespérés devant la fermeture de leurs usines. A l'époque, l'industrie c'était caca, pas pour nous, on allait faire de la haute technologie. C'est aussi le gouvernement de la Veme qui a le plus privatisé, avec DSK aux commandes : France Télécom, Thomson-CSF, Thomson Multimédia, Air France, Aerospatiale, et j'en oublie. C'est aussi la période ou les grand patrons commencent à se goinfrer, avec la défiscalisation des stock options dont le taux d'imposition passe de 40% à 26% . Faut dire que c'est DSK qui est aux manettes à Bercy. On passe à l'Euro, en oubliant au passage les conditions préalables mises par l'ensemble de la gauche sur la gouvernance démocratique de la BCE . A l'éducation, un climatosceptique, qui entreprend de "dégraisser le mammouth". Faut dire que Allègre est ancien directeur de l'institut de physique du globe, lié de près à l'industrie pétrolière. Non, c'était pas si chouette que ça la gauche plurielle ! Il en reste quand meme quelque chose de bien : les lois Aubry.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. En effet, tout ne fut pas parfait. ceci étant dit, le développement du secteur tertiaire a permis de conquérir des marchés inaccessibles jusqu'alors, la décentralisation fut mise en place du moins les premières étapes, et j'en passe. C'est un gouvernement qui a fait, pas toujours de la meilleure manière mais avec une cohérence qu'on n'a pas retrouvée depuis.

      Supprimer
  3. Bravo, j'adhère mais Le titre est trompeur. Vous n'êtes pas désabusé mais toujours combatif, prêt à faire renaître la gauche plurielle de ses cendres.

    RépondreSupprimer
  4. Merci pour vos compliments. En effet je ne suis pas hyper satisfait du titre je crois que cela dépend de mon humeur et de mes affects. Monsieur Kufudakis je vous réponds dès que j'ai un peu de temps car votre propos mérite une argumentation réfléchie.

    RépondreSupprimer
  5. Pourquoi restez-vous militant gauchiste. Passez donc à droite. La gauche n'a jamais produit de richesse ou créée d'emploi à part ceux des fonctionnaires. La gauche ne sait que redistribuer une richesse créée par l'économie libérale.
    De plus vous devriez être content. Vu les 3 critères suivants: 56% du PIB redistribué dans le public, nombre de fonctionnaires par rapport au nombre de salariés, record du monde du taux d'imposition, et bien vous vivez dans le pays le plus socialiste du monde. Heureux homme.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. les richesses ne sont produites ni par la gauche, ni par la droite. Elles sont produites par le travail humain ou simplement captées dans la nature. Le capital est du travail mort. Il est absurde de penser que les fonctionnaires ne produisent pas de richesse parce qu'ils ne produisent pas de marchandise. Peut etre n'avez vous jamais eu besoin de l'hôpital, vos enfants ne sont pas scolarisés, vous n'utilisez ni transport public ni route, la police ne protège pas votre sécurité, les éboueurs ne ramassent pas vos poubelles, et vous n'avez sans doute pas fréquenté l'université. Heureux homme !

      Supprimer

Tout commentaire agressif et raciste sera enlevé, mais des dialogues constructifs sont les bienvenus

La valse des idées brunes par Myriam Da Molin

Je regrette l'époque où tout le monde autour de moi avait lu «matin brun» et se demandait comment lutter contre cette dangereuse ind...

Rechercher dans ce blog

Mentions

La Voix des Semeurs est membre du Réseau

"Semeurs Citoyens"




Les avis exprimés par les différents contributeurs varient et sont de la seule responsabilité de leurs auteurs mais respectent les principes républicains de la Constitution Française, ainsi que la Loi sur la Liberté de la presse du 29 Juillet 1881.

Notre ligne éditoriale humaniste et utopiste fait admettre dans notre sein une pluralité d'opinions et non une ligne stricte imposée par la rédaction.

Aussi des nuances d'opinion se retrouvent dans les contributeurs et auteurs, et cette pluralité est encouragée dans notre réseau.