jeudi 22 mars 2018

Ils apellent ça Flexibilité, par Myriam Da Molin #22Mars #Manifs #GREVES


Je soutiens tous les grévistes qui perdent une journée de salaire aujourd'hui pour défendre notre bien commun : les services publics.
Je travaille en plein centre de Paris, où je vois les services publics se déliter complètement. Le personnel des urgences de l'hôtel-Dieu se bat pour que ce lieu de soins ne se transforme pas en énième hôtel de luxe où nous ne mettrons jamais les pieds. Les ouvriers, les artisans, les touristes, les riverains ont besoin que cet endroit vive. Le jour où j'ai fait une hémorragie interne en sortant du taf, j'étais bien soulagée de pouvoir m'y rendre.

La poste du Louvre est déjà vendue et en travaux pour se transformer en hôtel de luxe désormais inutile pour nous. Ne me parlez pas des emplois générés. Avec la poste il y en avait aussi. J'ai vu les grèves dans les hôtels parisiens où le personnel est sous-payé pour nettoyer la merde de ceux qui les méprisent, avant de se retrouver dans un plan de licenciement massif dont le privé a le secret.
Les services de mairie sont concentrés dans un seul des quatre arrondissements centraux. Si vous habitez dans le 2è, vous devez vous déplacer dans un autre arrondissement. Il vaut mieux avoir de bonnes jambes, ne pas être trop âgé.e.
Toutes ces mesures n'ont rien de moderne. On sucre les services de proximité pour qu'un propriétaire d'hôtel de luxe puisse figurer au prochain classement de milliardaires. Il n'y a aucune économie pour nous. Ce sont les plus fortunés qui chialent de devoir contribuer à ces services pour tous. Ne chialez pas avec eux, ça ne vous rapportera que des kilomètres en plus pour vous faire soigner, accoucher, aller chercher un papier ou faire la queue aux impôts.
Ils ont tout fait pour nous dégoûter des grévistes, jusqu'à les comparer avec des terroristes preneurs d'otages, sans honte. Les gens qui bossent sont comparés à des criminels lorsqu'ils demandent des moyens.
Quand nous n'aurons plus de train par suite d'un "souci technique" chaque jour en lieu et place d'une grève, nous n'aurons rien gagné.
Ils ne modernisent rien du tout : ils suppriment des postes et multiplient les contrats précaires. Ils veulent que le bricolage devienne la norme. Ils appellent ça flexibilité.
Et je vous parle pas des merveilleux tarifs qui nous attendent, on a déjà vu l'amorce des augmentations ces derniers temps avec le timbre, le billet de train, l'abonnement aux transports, les services gratuits devenus payants etc.


Vous connaissez le prix médian d'un EHPAD ? C'est 1949 euros par mois. Mais tant pis pour vous si personne n'est dispo pour faire votre toilette, il paraît que c'est vous qui coûtez cher. Vous avez odieusement choisi de ne pas mourir jeune ni en bonne santé, vous allez le payer deux fois.
L'argent est là, tout le temps. Il est là mais il est mal réparti par des gens qui n'ont que faire des conditions de travail et de vie de leurs administré.e.s. Et c'est normal, ils n'ont jamais travaillé dans des secteurs vitaux.
Je vais tenir des propos scandaleusement radicaux : les gens qui décident doivent être ceux qui bossent. Filez vos problèmes de compta aux employé.e.s et vous verrez qu'ils sauront répartir le fric et embaucher. Je parie que les cheminot.e.s auraient embauché au lieu de filer 52 000 euros par mois à la ministre, s'ils avaient pu le décider.
Bref, je suis solidaire des grévistes. Et si cette journée de taf vous coûte énormément en manque à gagner, ce n'est pas de la faute aux cheminot.e.s, c'est que vous avez un contrat de merde et que vous êtes sous-payés par un sale type qui vous met la pression. Demandez-lui un salaire vous permettant d'habiter à côté de votre lieu de travail. Déjà, pour commencer.



Myriam Da Molin

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Tout commentaire agressif et raciste sera enlevé, mais des dialogues constructifs sont les bienvenus

La valse des idées brunes par Myriam Da Molin

Je regrette l'époque où tout le monde autour de moi avait lu «matin brun» et se demandait comment lutter contre cette dangereuse ind...

Rechercher dans ce blog

Mentions

La Voix des Semeurs est membre du Réseau

"Semeurs Citoyens"




Les avis exprimés par les différents contributeurs varient et sont de la seule responsabilité de leurs auteurs mais respectent les principes républicains de la Constitution Française, ainsi que la Loi sur la Liberté de la presse du 29 Juillet 1881.

Notre ligne éditoriale humaniste et utopiste fait admettre dans notre sein une pluralité d'opinions et non une ligne stricte imposée par la rédaction.

Aussi des nuances d'opinion se retrouvent dans les contributeurs et auteurs, et cette pluralité est encouragée dans notre réseau.