lundi 5 juin 2017

Flexibilité, oui mais de quel côté exactement ?





Flexibilité, oui mais de quel côté exactement ?

C’est quoi la flexibilité ?

On parle beaucoup de la flexibilité du travail depuis un certain nombres d’années et plus encore depuis assez récemment sous le dernier gouvernement Hollande avec la mise en place de la loi El Kohmri…

En ignare et incompétente en économie politique, j’ai cherché un peu ce que signifiait vraiment ce terme et surtout en quoi cela allait impacter ma vie, celle de mes proches, de mon environnement.



Définition : du latin flexibilis, souple, flexible, maniable, mobile.
Une fois qu’on sait ça, on sait pas grand-chose…
j’ai juste un peu tiqué sur les 2 derniers termes qui m’apparaissent comme de tristes sires si on les rapproche de l’emploi…

Définition économique trouvée sur internet : c’est la possibilité donnée aux entreprises de réajuster le coût de sa main d’œuvre en permettant une gestion des ressources humaines, qui, en fonction de la demande et de l’offre du marché, et du carnet de commande de son activité propre, peut fluctuer sur plusieurs points : embauches de CDD, intérim, révisions sporadiques de la part variable des rémunérations (intéressements, primes, heures supplémentaires), réorganisation des temps et horaires de travail, demande de polyvalence et de mobilité des travailleurs.

Je vous fais là une retranscription très résumée et surtout que j’espère compréhensible pour les non-initiés, voire pour ceux qui n’ont pas vraiment envie d’être initiés…

Les salariés, leurs rémunérations, la nature de leur travail, les horaires et le nombre d’heures de ces derniers, deviennent ainsi un moyen d’ajustements comptables, c’est-à-dire la variable marchande du productivisme de l’entreprise.

Ah…. – ça, c'est ma réaction face à l’implicite…

Voyons maintenant un implicite en particulier dans la flexibilité du travail telle qu'évoquée dans la fameuse loi travail El Kohmri, celle-là même que notre nouveau président fraîchement élu, cherche à étendre, renforcer, approfondir, afin de, pour finir, nous la mettre où je pense.

Cette loi prévoit que les accords et négociations d’entreprise viennent supplanter les accords de branches régissant toutes ces variables de travail. C’est la fameuse « inversion de la hiérarchie des normes ».

Certains me disent : on donne plus de pouvoir aux Comités d’Entreprise, aux syndicats, aux salariés du coup ? Ça se passe sur le terrain directement avec les salariés, en concertation, cela peut sauver des entreprises en difficulté, donc des emplois, etc…

Miam ! Miam !... pense un certain Gattaz…

Mouais… - ça, c'est mon côté sceptique qui s’exprime…

Encore faut-il être salarié en CDI, dans une entreprise suffisamment importante, qu’il y ait un CE ou un syndicat, que l’on soit syndiqué, et au bon syndicat si possible, que l’on soit écouté, qu’on puisse être informé en temps et en heure des réunions, où des décisions plus ou moins collégiales sont prises, que l’on ne soit pas malade, avec un 2ème CDD depuis 2 ans, qu’on ne soit pas en situation particulière d’emploi, qu'on ne soit pas trop jeune, trop vieux, trop con (heu… ben, non, ça encore…), en contrat aidé, en stage, en apprentissage, en intérim, que le métier exercé permette de croiser ses collègues, qu’on ne soit pas en mésentente avec son délégué du personnel ou ses autres collègues, que, que, que…

Autrement dit, je me demande combien de personnes cette loi va vraiment aider à améliorer leur sort?... Je veux dire, à part le grand patronat et leurs actionnaires…

Maintenant quand je réfléchis à tous ceux qui sont en contrats précaires, contrats aidés, à temps partiel, exerçant des activités multiples, par choix personnel ou pour raisons financières, ou encore aux petites entreprises de 3-4 employés, ou bien encore au jeune qui démarre dans la vie sans emploi ni diplôme, à la mère célibataire avec jeunes enfants à charge, au travailleur de plus de 50 ans cassé par de longues années dans un emploi pénible en "reconversion senior", à l'immigré naturalisé parlant mal le français, à l'employé avec handicap ayant besoin d’aménagements particuliers, etc,  etc…

Ils sont quand même légion ceux-là sur le marché de l’emploi, non ? Sans parler des chômeurs, des précaires du RSA, et ceux qu’on ne comptabilise pas parce qu’ils ont « disparu administrativement » du système bureaucratique français… (Et de nos trottoirs dans certaines villes…, tiens, oui, c’est vrai ça…)

En bref, les bienfaits économiques de la flexibilité, en fin de compte, sont pour les entreprises et, par leur biais, toucheront les salariés, mais en la défaveur de ces derniers pour la grande majorité.
Pour sauver une entreprise, ou ne pas la mettre en danger, ou encore pour agrandir ou gagner en compétitivité, les négociations auront lieu, seront encouragés et validées par la loi.

Négocier : 
Traiter (une affaire) avec quelqu’un, discuter (un projet, les termes d’un contrat) pour parvenir à un arrangement, un accord)


Mais nous le savons tous : le rapport de force est loin d’être équilibré. 

Nous avons besoin de vivre : boire, manger, nous loger, nous chauffer, payer nos taxes et impôts afin que nos enfants aient une éducation, de pouvoir nous soigner, nous occuper de nos anciens, préparer nos vieux jours….

Nous avons besoin d’argent, d’un revenu.

C’est pour ce revenu que nous bataillons. Nous nous efforçons chaque jour de nous arracher de notre lit et nous rendre au travail, même si nous ne sommes pas assez rémunérés pour le temps qu’on y passe, et mal reconnus pour l’énergie et les compétences qu’on y dépense.

Oui nous avons besoin de l’emploi pour pouvoir obtenir ce revenu de travail, de notre travail afin de vivre au mieux.
Nous avons besoin de ce satané salaire !

Alors… où se trouvent nos moyens de « négocier » comme ils disent ?
Alors que le travail se fait rare, que le chantage à l’emploi est présent depuis plus de 30 ans (oui dans ma grande naïveté je me dis ça parce que entrée sur le marché de l’emploi début des années 90…), que le chômage continue de croître, que la misère sociale nous entoure et resserre son étau, comment peut-on négocier vraiment ? Avec quel argument ?

Alors, grande nouvelle : nous en avions un !
Ou du moins nous aurions pu avoir un… (d’argument de négociation avec les employeurs, pour ceux qui suivent...)



Le revenu Universel d’Existence : 650 € par mois, par personnes de 18 ans et plus, sans aucune condition.
Mesures proposées pour les premières années pour commencer, afin de calmer les alarmistes, rassurer les supra réalistes (mais la France n'a pas l'argent !) et que les comptables puissent l’entendre.


C’était notre variable d’ajustement à nous, face au marché du travail.

Quelques exemples pour illustrer :

- Votre employeur vous demande de baisser votre temps de travail pendant quelques temps afin de permettre une relance d’activité ? Vous pouviez vous permettre d’accepter.
- Vous avez votre parent vieillissant qui a besoin de soins ? Vous pouviez prendre du temps sur votre travail sans perdre trop d’argent.
- Votre employeur vous propose du travail supplémentaire avec une augmentation de salaire frôlant le ridicule ? Vous pouviez refuser, car vous n’aviez pas besoin de cette augmentation qui ressemble à une arnaque de chiffonnier…
- Vous êtes pressenti pour un poste mais on vous propose un salaire trop bas alors que vos compétences sont bien plus que suffisantes ? C’est vous qui aviez la main pour « négocier »…
- Vous vouliez vous lancer dans une activité en parallèle de votre emploi actuel, afin de vous épanouir personnellement (lancer une association de tricot, faire du fromage bio, écrire un livre,...), vous pouviez réduire votre temps de travail et démarrer en ayant une garantie de complément financier.

Pléthore d’exemples sont possibles, car la diversité même du marché du travail, mais aussi celle de nos situations personnelles, font que ce serait bien trop long de les énumérer (et vous de les lire ; d’ailleurs je soupçonne un certain nombre d’entre vous d'avoir déjà lâché mon texte…).

Alors, je vous propose de vous mettre en situation : peut-être travaillez-vous, ou pas, peut-être avez-vous besoin de temps libre pour autre chose que le travail, ou peut-être voulez-vous réduire juste un peu vos heures afin de profiter un peu plus de la vie, cultiver vos légumes, élever vos poules, vous remettre à la peinture ou lire, faire du bénévolat, organiser le mariage d’un de vos enfants, ou simplement souhaitez vous changer de vie, vous occuper de vous-même, de votre enfant handicapé, de votre père ou mère malade,…

Voilà la flexibilité que nous avons perdu, celle qui était vraiment souhaitable…

Nous verrons seulement celle que nous allons subir…

Encore, que…
Et vous ?

1 commentaire:

  1. Je suis bien d'accord, il n'y a pas de rapport de force équilibré dans les entreprises et tout le monde le sait ! Sinon pourquoi tous ses burn-out, pourquoi ces suicides, pourquoi toutes ces victimes de harcèlement ! En passant, c'est dans un tel contexte, qu'on est passé au niveau de la médecine du travail, à une époque ou tout va bien pour le salarié, comme chacun sait, à une visite médicale tous les deux ans et que l'on a supprimé l'obligation de la visite d'embauche ! Dans ma boite,c'est avec le PDG adjoint qu'on "négocie", le PDG on le voit juste pour sa tournée promotionnelle annuelle, pour les bons vœux ! Enfin il l'a fait une fois, depuis il a pas osé recommencé le "parcours du combattant", vu qu'on avait la parole libre, le pauvre, il s'en ai pris plein la figure ! Donc, lors des négos obligatoires syndicats-patron, notre gentil PDG Délégué, nous fait ses crises, nous insulte, nous traite de "variable d'ajustement", voilà ce que nous sommes dans une boite à but social, alors dans une boite à but "lucratif", (officiellement j'entends !), je n'ose imaginer ! Peut on être moins qu'une variable d'ajustement ? Et les variables d'ajustement seraient autorisées à négocier d'égal à égal avec le patron, le décideur, Dieu le père au sein de son entreprise ? de la gueule de qui se moque t'on ? Chez nous il nous le dit carrément, il négocie parce que c'est obligatoire, mais négocier, c'est voilà: je met ça sur la table c'est oui, c'est oui! sinon ce sera encore moins, et quand on claque la porte hé bien, c'est moins ! Obligation de négocier, n'est pas obligation d'arriver à un accord, c'est juste obligation d'en causer ! Et on veut réduire les instances de représentation du personnel à une seule instance!...Notre PDG Délégué va être ravi, soit cela lui fait moins de personnes à harceler, soit à "acheter", à coup de promotion, de cigares, d'emploi familiaux ou de primes exceptionnelles ! Et puis concernant nos parents âgés, pas besoin de temps libre, il va falloir travailler pour compenser la baisse des retraites de nos anciens, en perte d'autonomie et résidant en maison de retraite, qui n'arrivent plus à payer la facture !

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